Fruits et Légumes de la Guadeloupe

Rédigé le 21-10-2009

Fruits et légumes de la Guadeloupe, un héritage patrimonial à faire fructifier…

Force est de constater que l’accent est porté depuis quelques années, sur les bienfaits de la consommation de fruits et de légumes pour notre santé.
La Guadeloupe dispose en la matière d’une variété de végétaux cultivés ou présents à l’état naturel, qui permettent de répondre à nos besoins, tant en quantité qu’en qualité.

Toutefois, cette démarche de consommation ne doit pas nous faire oublier le caractère patrimonial de cette palette de fruits et légumes locaux.
En effet, les travaux des ethnobotanistes (dont la mission consiste à étudier les stratégies de peuplement des espèces végétales), nous ont montré à quel point les générations précédentes ont oeuvré activement pour nous permettre d'être fiers aujourd’hui d’un tel florilège d’espèces végétales à vocation alimentaire.

Historiquement, le premier exemple à relever est le manioc.
Cette plante à tubercule, jadis base de l’alimentation des amérindiens, a été introduite par ces derniers lors des migrations datant de l’ère précolombienne à partir des fleuves amazoniens.
L’avènement des grands explorateurs du 16e au 18e siècle a représenté un véritable bouleversement dans la géographie mondiale des plantes alimentaires.

L’exemple du fruit à pain illustre à merveille cette stratégie de “mondialisation” alimentaire qui était sous tendue par les besoins économiques des nouvelles contrées émergentes de l’époque.
La stratégie de conquête du nouveau monde qui occasionnait une concurrence acharnée entre les grandes puissances européennes à cette époque a constitué l’élément moteur de cette découverte, puis la dissémination des végétaux “exotiques”. Par les récits du célèbre explorateur James COOK, la communauté scientifique européenne fit état d’un fruit abondant dans les Îles du Pacifique qui constituait la base de l’alimentation des populations indigènes.
Il fut baptisé le “fruit à pain”, probablement par analogie à la prépondérance du pain quotidien dans l’assiette des Européens à l’époque.
Considéré comme une manne providentielle permettant de résoudre les difficultés que vivaient les colons pour nourrir les esclaves sur les plantations de cannes à sucre des Antilles, le fruit à pain a été répandu sur l’ensemble de la ceinture intertropicale du globe.
Les péripéties du fameux navire “le Bounty” et de son équipage témoigne des difficultés de ces lointaines expéditions.

Plus récemment, les migrations de populations originaire de l’Inde à la fin du 19e et au début du 20e siècle, ont amené un réel enrichissement en plantes condimentaires dont regorge la cuisine indienne. Toutes ces introductions de végétaux conjugués à nos espèces endémiques constituent un patrimoine végétal qui pourrait s’avérer gravement menacés si nous ne consentons pas à l’entretenir voire à le fructifier.

A l’heure ou la biodiversité est plus que jamais valorisée par la tendance au retour vers les légumes anciens en Europe, ou encore par la constitution de collection de ressources biologiques par les organismes de recherche, il importe de préserver la nôtre.
Tant à l’échelle de l’exploitant agricole, que du jardinier amateur, la démarche de collecte et de plantation des espèces végétales alimentaires peu courantes doit être permanente.
Il est inquiétant d’observer que certains fruits et/ou légumes ne figurent quasiment plus sur les étals de nos revendeuses (pomme canelle, bilimbi, topinambour, kamanioc, etc.)

Réagissons vite pour éviter de parler au passé de notre patrimoine végétal alimentaire !